* martine camillieri

 

 *  enfant

Les nourritures imaginaires / Nuit Blanche des enfants / Centre Pompidou

Atelier Eat-Art : les enfants se confectionnent un goûter d'aliments blancs. Laitage, céréale et fruit. Pour matériau de base, une pâte à sel, travaillée à l'aide d’ustensiles de cuisine détournés. Mais les moules à gaufres fabriquent des tablettes de chocolat et les coupe oeufs durs, des quartiers de pomme. La cuillère parisienne moule des cerises, le vide-pomme troue les beignets... On est comme dans une cuisine enchantée.

Violette. Tomate. Purée. Sésame. Petit Suisse. Goûter. Réglisse. Sentir. Cuillère. Mélanger. Carotte. Casserole. Fouetter. Confiture. Sauce. Cuire. Coulis. Fraise. Chantilly. Griller. Amande. Recette. Cuisine
Et si avec tout cela on créait un dîner pour les dieux ? Un savoureux repas somptueux qui vous laisse un je ne sais quoi dans la bouche et des souvenirs pleins la tête. La tâche vous semble ardue... pas si sûr. Regardez plutôt ce qu'ont pu inventer au cours d'expériences inattendues, Daniel Spoerri, le génial concepteur du Eat Art lors de banquets, dîners palindromes, dîners cannibales... soit une vingtaine de repas liant étroitement l'art à la nourriture ; Dorothée Selz avec ses dîners de couleur rouge, jaune, vert & bleu, son leitmotiv : mettre à mal le poncif "on ne mange pas l'art, c'est sacré ! ; Marc Brétillot maître incontesté du design culinaire qui propose une réflexion sur les sens, lourde de sens ; Mimi Oka et Doug Fitch organisant une fête orphique ou un thé sous l'eau, mettant en exergue le rôle de l'alimentation dans la formation des cultures ; ou bien plus près de nous Martine Camillieri qui enchante notre quotidien, détourne objets et petits plats pour rendre nos jours bien plus jolis. En grande prêtresse, elle s'est installée au Grand Bazar, avec une foultitude de petits marmitons, pour nous concocter un p'tit en cas que n'auraient pas dénigrés les Dieux Romains. Tout y est blanc, tout y est appétissant ou semble l'être. Attiré par les vrais/faux aliments en pâte à sel, on se sent prêt à croquer les pommes, cerises et autres chocolats plus blanc que blanc.

Nourritures imaginaires

Martine place les jeux culinaires sous le signe de la farce, de l'attrape, et entame un beau discours avec les enfants. Humour, poésie sont au rendez-vous. À travers ces agapes collectives, saupoudrées de néoréalisme, Martine Camillieri crée une recette d'œuvre mêlant habilement goût du jeu, expérimentation, amusements trop souvent absents des repas quotidiens et des réflexions sur l'art contemporain.

Alors de quoi était-il question ici ? de nourritures imaginaires, de grande bouffe ? pas toujours. On y recherchait avant tout le plaisir. Plaisir des yeux, plaisir de jouer, de toucher, de sentir, de créer... de goûter aussi... plaisir d'être ensemble pour une belle nuit, avec sa marraine la fée. Il était alors permis de se prendre pour un Ferran Adria en herbe, une Christine Ferber prête à imaginer de nouvelles recettes pour sa chère Alice, un Jamie Oliver malaxant une pâte d'amande, bref, être un enfant et rêver qu'avec un peu d'audace et de créativité on peut tout faire et tout manger.
On a vu alors, je vous l'assure, Hansel et Gretel courant dans Beaubourg et offrir d'un large sourire leur gamelle lumineuse à leur maman... alors, merci qui ? Merci Martine.

Grand Bazar - Centre Pompidou - Nuit blanche des Enfants - Fraîch'attitude, Paris - Christophe Spotti (2006).